Ponctuels

Certain.es attendent de la philosophie qu'elle formule des idées radicales, spéciales, paradoxales. Le premier défi d'une philosophie pratique et collective est de parvenir à énoncer des propositions compréhensibles pour les autres. À ce titre, elle doit, au contraire, parler de ce qui relève du sens commun.

L'herméneutique est un art ancien : celui qui consiste à interpréter les textes. Religieuse, philosophique ou juridique, cette pratique s'est donné différentes règles pour déplier les multiples sens d'une énigme. Nous allons explorer leurs applications et en chercher de nouvelles, autour d'une courte fable. Quel genre de savoir l'interprétation nous laisse-t-elle ? Ouvre-t-elle à la connaissance, à la compréhension ou à la seule incertitude ? Existe-t-il des interprétations collectives ?

Pour cette rentrée, nous explorerons ainsi de nouvelles méthodes autour de trois exercices collectifs.

Pourquoi aime-t-on entendre et raconter des histoires ?

On pourrait dire des histoires qu'elles ne sont pas vraies. Elles ne sont pas tout à fait fausses non plus. Elles ont un sens spécifique. Les contes, les mythes, les légendes sont des histoires anciennes. Elles ont traversé les temps pour porter un certain message, une leçon, un conseil. Comment trouver le sens d'une histoire ? Et comment l'appliquer ?

À quoi servent les histoires ?

Pourquoi les monstres font-ils peur ?

Les monstres sont des créatures au corps bizarre. Leur propre est de faire peur. Pourquoi leur difformité ne prête-t-elle pas plutôt au rire, à la curiosité ou à la compassion ?

En grandissant, les monstres disparaissent. On comprend qu'ils n'existent pas. Mais notre imagination continue-t-elle de nous jouer des tours ? Que devient le nom de ce qu'on ne veut pas voir ?

Culpabiliser est un sentiment bien commun. Quant à admettre l'être effectivement, il y a un saut que beaucoup hésitent à franchir. Pourquoi la culpabilité est-elle si banale comme sentiment, mais si difficile à reconnaître ?
Le sentiment de culpabilité est celui d'une honte tue. Dans le silence, on se sent plus lucide sur soi-même et sur notre effet sur les autres, que les autres eux-mêmes, elles-mêmes. L'heure de la honte est-elle celle d'une plus grande vérité ou d'un plus grand mensonge ? Est-il plus grave d'être coupable, ou de ne pas le reconnaître ? De quoi se sent-on coupable, quand on ne l'est pas ?
Culpabiliser ne suffit pas à se donner bonne conscience. Se reconnaître coupable envers autrui n'empêche pas de jouir de sa culpabilité, ni ne suffit à défaire la domination. À quoi sert donc la culpabilité ? Pourquoi tient-on à se sentir coupable ou à accuser les autres ? Envers qui est-on coupable ?

À quoi bon être utile à quelque chose ? Cette journée philosophique critiquera l'évidence de l'utilité sociale. Est-on plus utile en travaillant ou en ne travaillant pas ? Est-on plus heureux.se à être plus utile ? Que l'on cherche à être utile ou qu'on nous demande de l'être, pourquoi l'utilité sociale est-elle sacralisée ? Peut-on trouver une place sans trouver d'emploi ?

Qu'est-ce que l'amitié ?

Est-ce un contrat ou un sentiment ? L'amitié est-elle réciproque ? Pourquoi perd-on des ami.es, comment se fait-on des ami.es ? À quoi nous engage l'amitié ? À quoi reconnaît-on une amitié ? L'amitié peut-elle être excessive ? L'amitié permet-elle ou exclue-t-elle la parrêsia (le dire-vrai) ? Qu'est-ce qu'un.e vrai.e ami.e ?

Le courage : est-ce de surmonter sa peur ou de n'avoir pas peur ? est-ce de tenir ou de rompre ? présuppose-t-il la force ou la faiblesse ? est-ce une émotion ou un calcul rationnel ? Le courage apparaît parmi ces réalités insaisissables, qui ne se satisfont ni d'une perception subjective, ni d'un jugement objectif. C'est un objet dialectique pour la pensée, qui dessine à la fois la surface de projection du regard des autres sur soi et celle que nous concevons pour nous-mêmes.